voici un texte magnifique offert par une de nos adoptantes, maman de ELLIOT. Merci pour ces mots, si vrais et si touchants
De la vie avec toi, je ne connais que la souffrance,
Du soleil hispanique, je ne connais que la morsure,
Au pays des galguéros tout n’est que violence,
De ma terre natale, il ne me restera que des blessures.
De ton univers, je ne connais que le bout de ma chaîne,
De ta main, je ne connais que les coups !
Dans ta ferme maudite ne s’exprime que la haine,
De tes enfants, je n’ai reçu que des cailloux.
De toi, je ne garderai que le souvenir de ma chair martyrisée,
Des fractures nombreuses et mal ressoudées,
Des trop fréquentes portées que tu m’as arrachées,
Un œil aveugle et une oreille mutilée !
Moi qui t’ai donné mon courage, mon flair, mon instinct,
Moi qui t’ai ramené toujours plus de lapins,
Contre à peine quelques bouts de pains rassis,
Et une mauvaise paillasse moisie.
J’ai couru pour toi, jusqu’à ce que mon souffle soit court
J’ai tout fait pour mériter ton amour,
J’ai chassé le gibier que tu as vendu ou mangé,
Même les os et les restes, tu ne me les as pas donnés.
Tu ne m’as appris que la peur,
Tu ne m’as offert que la terreur,
Et maintenant que la chasse est finie,
Tu me traites d’animal maudit.
Alors que je n’attends qu’une caresse de ta part,
C’est une corde pour me pendre que tu prépares.
Pourquoi ne veux-tu plus de moi qui t’aies tout donné ?
Pourquoi veux-tu me supprimer ou bien m’abandonner ?
Je ne demande qu’un bout de viande et une couverture,
Pour avec toi, poursuivre l’aventure,
Mais sans l’ombre d’un remord,
Ce soir, tu m’as condamné à mort.
Si seulement j’étais humain,
Je pourrais peut-être pleurer,
Si seulement j’étais humain,
Peut-être voudrais-tu m’écouter.
Mais je ne suis qu’un chien,
Qu’importe si j’en viens à crever,
Notre peau de lévrier ne vaut rien,
Dans ce pays de cruauté !
Dans un ravin, tu m’as précipité,
Tu es parti, sans même te retourner.
Mes longues pattes, que tu as tant sollicitées,
Dans la chute, se sont disloquées.
Je n’étais plus que plaies et douleurs,
Il ne me restait qu’à attendre l’heure,
Attendre que le froid, la soif et la faim,
M’accompagnent jusqu’au paradis des chiens.
Mon paradis, ce jour là, le croiras-tu Gualguéro ?
Il s’appelait Maria, Rosa, Esperanza, Consuelo,…
C’est elle qui, au péril de sa vie,
M’a ramassé, sauvé et guéri.
Elle a pansé mes plaies, apaisé mes souffrances,
Et peu à peu gagné ma confiance.
De sa main, j’ai appris la caresse,
Dans ses bras, j’ai découvert la tendresse.
Moi qui n’avais jamais mangé à ma faim,
Moi qui ne savais pas ce qu’était un câlin,
J’ai découvert une chaîne de solidarité incroyable,
Ou se sont relayés pour moi des gens formidables !
Aujourd’hui, je dors devant la cheminée,
Près de mon nouveau maître bien aimé.
Mon cauchemar est enfin terminé,
Je peux, tranquille, courir, jouer et me reposer.
De cette ancienne vie de misère,
Je ne tire aucune forme de colère,
Ni contre toi, cruel galguéro,
Ni contre aucun autre bourreau.
Pour aucun de tes frères de race,
Je ne serai jamais une menace.
Malgré tout ce que j’ai enduré,
A mordre, je ne peux pas me résigner !
Je pourrais implorer vengeance,
Contre tous ceux de ton engeance.
Mais pour nous, les chiens, la rancœur
Ne fait pas partie de nos valeurs…
Dans mon joli coin de paradis,
Dans mon douillet petit nid,
Blotti au fond de mon panier,
Parfois, je pense à toi et j’ai pitié.
Je devrais te vomir, te maudire, te haïr,
Mais à quoi bon le redire ?
Les gens ici ne le savent que trop,
La haine n’est pas un sentiment de galgo !
Je ne te haie pas, Galguéro, je te plains !
Je te plains parce que ton cœur est sec et vain,
Je te plains parce que ta monstruosité
Te prive à jamais du bonheur qu’on aurait pu partager…
Je te plains parce qu’à présent mon cœur est gonflé d’amour,
Et que toi, tu es damné pour toujours !
Je n’aimerais pas être à ta place,
Et assumer ton odieux cœur de glace.
Que Dieu te pardonne s’il le peut,
Mais sur cette terre, je doute que tu puisses être heureux.
Moi, aujourd’hui, heureux je le suis,
Et c’est à LDS que je dis merci.
Signé : un lévrier du Sud.